“Moi je me suis remise. Non, vraiment ; une déscolarisation, une dépression, un burn-out, une psychothérapie, un procès… et ça repart ! ”
Norma[le] est le récit de la vie de Norma, qui nous raconte son parcours, douloureusement accidenté par l’inceste qu’elle a subi dans son enfance. Elle met en scène divers personnages, qui ont accompagné son histoire, sa vie et dont elle décrit avec acuité les personnalités contrastées.
A travers ce récit parfois compliqué à entendre, c’est la force de Norma qui jaillit, son humour, même dans l’indicible, son honnêteté parfois désarmante – et toujours touchante -, sa capacité de résilience qui l’a poussé à défier son statut de victime, à prendre le recul nécessaire pour avancer. Norma s’empare de ses traumatismes, pour les transformer avec une grande intelligence, afin de pouvoir vivre sa vie comme elle l’entend, réussir à s’accepter et à aimer. Bref, le chemin de la guérison.
Un spectacle nécessaire et puissant, écrit par Norma et mis en scène par Coralie Lascoux.
Le spectacle
Norma a des tocs, Norma a des désirs, Norma est contre les porteurs de croc’s !
Après avoir vécu l’indicible, Norma monte sur scène pour son premier spectacle. Elle y aborde le sujet de l’inceste, avec humour, acuité et sensibilité. La justice et l’écologie sont ses autres sujets de prédilection. Elle campe des personnages tour à tour drôles, tarés, touchants aussi. Norma vise la Lune et comme Amel Bent, ça ne lui fait pas peur !
On y rit (beaucoup), on y pleure (très peu), courrez voir cette figeacoise pas si Norma[le]
Norma(le), vraiment…
Dès son entrée sur scène, Norma nous prévient « Même si l’inceste est un sujet soit disant « à la mode », il faut en parler… » Oui, il faut en parler pour que cela cesse ! N’ayez surtout pas peur d’affronter ce spectacle car il n’est ni cliché, ni « déjàvu » et le sujet est abordé avec une bonne dose d’humour qui nous permet de supporter l’insupportable.
Norma joue à la perfection les différents personnages qu’elle incarne. Le spectacle est vif, mené tambour battant laissant place à une myriade incroyable d’émotions. Malgré ce que l’actrice a vécu, elle est lumineuse, hyper touchante, portée par un texte intelligent et sensible. Une mère hippie, un père absent et un grand père conseiller municipal bien trop présent…
L’inceste détruit celles et ceux qui le subit. La famille culpabilise de n’avoir rien vu, rien senti, rien compris… et souvent, la mère ou le père laisse faire : c’est l’horreur absolue…
Norma traite avec courage, dérision et talent ce sujet douloureux et sérieux de l’inceste. L’artiste réussit à transformer son traumatisme pour en faire un spectacle majeur de résilience. Son intimité est dévoilée de manière juste et authentique pour en faire une force de vie exemplaire. Elle nous raconte les premières années de sa vie bouleversée et bouleversante. Sa photo de petite fille, posée sur une chaise pour simple décors, accentue de manière forte et subtile l’importance de la situation.
Norma nous montre à quel point la femme contemporaine est aussi multiple qu’unique. Elle démontre ici qu’on peut rire de tout et surtout, que pour être libre il nous faut dénoncer toutes les formes de violence.
Gageons que l’humour permette les métamorphoses nécessaires à la (sa) reconstruction intime et à la (sa) réunification.
Ce « seul.e en scène » est brillant, poignant et rare. Chapeau bas Norma !
Florence Courthial