Georgia O’Keeffe Irradie

Centre Pompidou, Paris

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Le Centre Pompidou de Paris présente la première rétrospective d’œuvres de Georgia O’Keeffe (1887-1986), l’une des plus grandes artistes américaines du siècle dernier. Riche d’une centaine de peintures, dessins et photographies, l’exposition propose un parcours révélant sa carrière artistique prolixe et ineffable. Georgia O’Keeffe a traversé l’essentiel des aventures artistiques d’une période foisonnante. Elle appartient au cercle restreint des précurseurs du modernisme tout en étant inclassable. Georgia O’Keeffe est aussi une pionnière de la peinture abstraite appelée « hard edge ». Artiste en osmose avec la Nature et le Cosmos, ses œuvres irradient totalement. Des couleurs exceptionnelles jaillissent de son esprit libre et travailleur pour nous transporter dans un monde merveilleux, presque au-delà du réel… Sublime et subtil !

Georgia O’Keeffe est l’une des figures altières et conquérantes ayant forgé la mythologie américaine. Elle est une femme et une artiste émancipée. Elle n’a peur de rien et vit sans limite ses envies et ses rêves.

Elle est surtout connue pour ses grandes peintures de fleurs alors que ses sujets sont nombreux et variés, allant des fleurs géantes, aux peintures de New York ou encore aux natures mortes et aux ossements du désert du Nouveau-Mexique…

Dès l’âge de 12 ans, Georgia O’Keeffe voulait devenir peintre. Née dans le Wisconsin en 1887, elle fait des études d’art à Chicago puis part à New York pour plonger dans la vie trépidante de la ville. Georgia O’Keeffe trouvait que les tours newyorkaises ressemblent à « des bouteilles dans lesquelles on monte et on descend » …

En 1907, elle s’inscrit à l’Art Students League pour y apprendre l’impressionnisme très à la mode à l’époque. Elle y peint un premier tableau qui remporte un prix : un lapin mort dans le style impressionniste. Elle reçoit une bourse pour continuer ses études.

Georgia O’Keeffe découvre la Galerie 291 en 1908, créée par le photographe Alfred Stieglitz, pour promouvoir non seulement la photographie comme un art à part entière et les artistes avant-gardistes tels que Picasso, Cézanne, Matisse, Picabia, Brancusi, et aussi, les dessins de Rodin.

To feel space in a beautiful way

Elle se libère de tout ce qu’elle a appris, s’écoute et écoute ses émotions.

Georgia O’Keeffe décide d’aller vivre au Texas, terre des cowboys qui sillonnent le pays avec leur bétail. Elle a grandi en écoutant les histoires de Western que lui racontait sa mère. L’été 1915, elle rencontre un étudiant dont elle tombe amoureuse. Et le monde lui apparaît alors comme neuf.

Elle dessine des dessins au fusain et en envoie à sa meilleure amie, Anita Pollitzer, qui vit a NY. Celle-ci les montre alors à Alfred Stieglitz qui les aime et les expose aussitôt dans sa galerie, très réputée.

Il exposa d’ailleurs, toute sa vie, les œuvres de Georgia O’Keeffe. Il dira d’elle qu’elle « incarne l’esprit du 291 ». Le couple d’artistes se marient en 1924, lorsqu’il obtint le divorce de sa première femme.

Ils formeront un couple qui transforme le monde en art, elle en peinture et lui en photographie. Il a fait plus de 350 photos de Georgia.

La subtilité et la nuance des couleurs des œuvres de Georgia O’Keeffe, rappelle la photographie. L’artiste, lorsqu’elle souhaite peindre une fleur, se dit que si elle la peint en taille réelle personne ne la regarderait, par contre, si elle est peinte sur un grand format, elle attire l’attention et on la regarde.

« Il est rare que l’on prenne le temps de regarder une fleur. J’ai peint ce que chaque fleur représente pour moi et je l’ai peinte assez grande pour que les autres la voient telle que je la vois. »

Georgia O’Keeffe peint en alternance les mouvements du ciel et de l’eau, des feuilles et des fruits, des gratte-ciels, et de tout ce qui l’inspire sur le chemin de ses différents lieux de vie. Fin des années 1910, l’artiste s’attache au monde sensible et à toutes ses ressources symboliques, interrogée par le caractère abstrait de ses œuvres. Pour elle : « Une peinture n’est jamais bonne si elle n’est pas réussie d’un point de vue abstrait. »

A partir de 1929, elle vit entre l’est et l’ouest des Etats-Unis. Puis, après une longue maladie, décide de repartir au Nouveau-Mexique. Elle y achète une maison dans la région du Ghost Ranch qu’elle appelle « My far away ». Georgia y arpente les contrées sauvages, à pied, à cheval ou en voiture. Elle capte les sens de ce qui l’entoure, comme les roches de White Place. Le paysage devient son atelier. Elle est dans la nature de 7 heures du matin à 17 heures…

Elle se passionne pour le Nouveau-Mexique qui lui apporte une force incroyable de vie et de créativité. Dès qu’elle a découvert ce pays, Georgia O’Keeffe en est tombée totalement amoureuse. Pour elle, tout y est différent : l’air, le ciel, les étoiles, … L’air y est cristallin, la palette des couleurs est exceptionnelle. Ce qui la caractérise alors dans la peinture moderne américaine est la fusion qu’elle vise toujours avec la Nature.

L’église de Taos la fascine et elle décide de n’en peindre que certaines parties. Georgia O’Keeffe adore travailler sur cette nouvelle Terre. Son amour pour le Nouveau-Mexique soigne ses blessures de son désamour avec Stieglitz.

Elle aime le lointain. Elle aime dormir à la belle étoile. Rien n’entrave son désir de peindre ce pays. O’Keeffe aime peindre la vie, dans son mouvement et dans ses cycles. La croissance d’un végétal, l’épanouissement d’une fleur disent autant du vivant que la spirale d’un coquillage mort ou les os blanchis d’un bovin.

Pour elle, « La vie c’est la mort et la mort c’est la vie ! Les ossements sont taillés au cœur de ce que le désert a de plus vivant. »

Ces tableaux sont profondément américains parce qu’elle se sent elle même pleinement américaine.

Georgia a soixante ans lorsqu’elle est à l’apogée de sa carrière. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre Black Place – nom donné par l’artiste à l’un de ses sites favori, lunaire et désolé, situé en pays navajo – devient le reflet des drames de l’époque. Elle prit aussi pour modèle les Kachinas, poupées que les indiens hopis utilisaient pour enseigner leur mythologie aux jeunes enfants. On en découvre quelques exemplaires à la fin du parcours de l’exposition.

L’artiste magnifie tout ce qu’elle entreprend. D’une simple danse indienne, elle crée un tableau qui restitue l’émotion et les mouvements qu’elle ressent. Pour elle, l’art doit habiter une quête spirituelle. Elle souhaite ne recevoir aucune influence d’autres artistes et se constitue en dehors de toutes idéologies. Etre soi est son credo absolu.

Georgia O’Keeffe est toujours à la recherche de nouveaux sujets.

En 1946, le MOMA a présenté la première grande rétrospective de l’artiste, qui fut d’ailleurs la première grande exposition d’une artiste femme.

Entre les années 1950 et 1960, O’Keeffe a le parti pris de la simplification. La porte et le patio l’obsèdent, elle les décline dans une série de tableaux. Elle travaille sur l’ombre et la lumière et les rapports du vide et du plein. Elle survole les plaines et le désert en avion et y voit aussi une forme de synthèse de vue. Les lits des rivières l’inspirent. Ce qui est en haut semble être comme ce qui est en bas, mais en beaucoup plus simple.

« Je vois des formes dans ma tête, parfois je sais d’où elles viennent, parfois je ne sais pas ».

Georgia fera la une du LIFE magazine, considérée comme la plus célèbre femme artiste. Elle sera l’américaine la plus interviewée en Amérique et aussi la plus photographiée, juste après Marylin Monroe… Mais elle contrôle son image d’une main de fer. Même à 85 ans, elle continue de peindre et se fait aidée lorsqu’elle commence à perdre la vue.

Elle a toujours créé même lorsque ses forces faiblissaient et sa gloire ne cessait de croître.

« C’est stupéfiant de s’élever au-dessus du monde où l’on a vécu. Et de regarder en bas s’étirer encore et encore (…) Le monde si beau et si simplifié, et si clairement découpé, comme le temps et l’histoire simplifieront et rectifieront cette époque qui est la nôtre. »

Fille d’agriculteurs, Georgia O’Keeffe incarne totalement le rêve américain puisqu’elle a réussi en faisant au mieux ce qu’elle voulait, en gagnant très bien sa vie avec ses créations, en vivant à fond ses passions. Georgia a montré aux femmes comment on peut parfaitement prendre en main son destin et organiser sa vie.

Pour elle, la détermination est la clef de voûte du succès. Etre une force de la nature tout en comprenant parfaitement son humanité.

Georgia décède à Santa Fe à l’âge de 98 ans… Ses cendres sont dispersées dans ces paysages qu’elle aimait tant, avec lesquels elle se sentait fusionnelle. Elle laisse un nombre impressionnant de peintures.

On sort totalement éblouis de cette rétrospective extraordinaire.

Effusions, sensations et empathie sont les émotions éprouvées tout au long de la découverte des œuvres exposées. Georgia O’Keeffe est une artiste singulière à l’esprit libre, travailleur et créatif, œuvrant pendant presque un siècle de vie. Une femme et une artiste remarquable, une expo incontournable !

Florence Courthial

Jusqu’au 6 décembre 2021

Centre Pompidou, Paris

Galerie 2, niveau 6

Tous les jours de 11h à 21h sauf le mardi

Nocturne le jeudi jusqu’à 23h

Tél. +33 (0)1 44 78 12 33

www.centrepompidou.fr

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