Brancusi, L'art ne fait que commencer

Jusqu'au 1er juillet 2024

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Avec plus de 120 sculptures, des centaines de photographies, de dessins, de documents d’archive et de films de l’artiste, la grande rétrospective « BRANCUSI, L’art ne fait que commencer », organisée au Centre Pompidou, constitue un événement exceptionnel et merveilleux. On y découvre toutes les dimensions de la création de cet immense artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne. La dernière exposition rétrospective dédiée à Constantin Brancusi (1876-1957) en France, et la seule, remonte à 1995, sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou. Extraordinaire ! Jusqu’au 1er juillet 2024.

À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs à la nation en 1957, forme la matrice de ce projet. En effet, le déménagement intégral de l’Atelier Brancusi dans le cadre des travaux de rénovation du Centre Pompidou prévu pour 2025, est l’occasion unique de mettre en regard son contenu avec de nombreux autres chefs-d’oeuvre de l’artiste provenant des plus importantes collections internationales.

Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou en bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craiova…) sont ainsi réunies.

Dès l’entrée, le parcours privilégie une approche sensible, soulignant le choc de la découverte de son atelier parisien, situé impasse Ronsin dans le 15ème arrondissement, fréquenté par de nombreux artistes et amateurs pendant plusieurs décennies. Man Ray, entre autres grands artistes, fut ébloui dès sa première rencontre avec Brancusi.

La première salle nous plonge dans une blancheur immaculée de trois immenses Coq (1935) en plâtre sur fond blanc, puis on entre dans le cœur de l’exposition évoquant les sources de la création de l’artiste (bref passage chez Auguste Rodin, influence de Paul Gauguin, l’architecture vernaculaire roumaine (Brancusi est né en Roumanie), l’art africain, l’art cycladique, l’art asiatique, …) et éclaire le processus créatif de Brancusi : le choix de la taille directe, l’esthétique du fragment, le processus sériel, le travail de sublimation de la forme, la sculpture de ses socles en bois brut, … Pour l’artiste, les socles étaient aussi essentiels que la sculpture elle-même.

La reconstitution d’une partie de l’atelier souligne la dimension matérielle de sa création (matériaux, outils, gestes). On peut y admirer, grâce à une vidéo, le travail quotidien de l’artiste.

L’exposition replace la vie de Constantin Brancusi dans un contexte artistique et historique plus large grâce à un riche corpus documentaire (lettres, articles de presse, agendas, disques, objets, souvenirs, …). Cet ensemble offre une chronique de ses amitiés avec nombre d’artistes d’avant-garde, tels Marcel Duchamp, Fernand Léger ou Amedeo Modigliani.

Le parcours thématique, organisé autour des séries de référence de l’artiste, met en lumière les grands enjeux de la sculpture moderne : l’ambiguïté de la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport avec l’espace (Maiastra, L’Oiseau dans l’espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvement et de reflet (Léda), la représentation de l’animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque, la Tortue) et le rapport au monumental (Le Baiser, La Colonne sans fin).

Immense coup de cœur

Par la simplification (visuelle, car plus c’est épuré plus c’est difficile à sculpter…) des formes, l’artiste atteint à la fois une dimension symbolique et une impression de mouvement.

Un instant de grâce nous envahit lorsque surgit un ensemble de différentes versions de l’Oiseau dans l’espace. Tous donnent l’impression de vouloir s’envoler sur les toits de Paris et au-delà…

L’artiste joue des formes, du féminin, du masculin, de l’androgynie, des portraits, … Il joue aussi avec la lumière et les reflets, le bas et le haut, l’endroit et l’envers ; il nous invite à ressentir de la joie, et aussi du plaisir à caresser ses œuvres, du regard…

On souligne ici le travail méticuleux réalisé par Ariane Coulondre, la commissaire de l’exposition et celui, absolument remarquable de Pascal Rodriguez, le scénographe. Ils réussissent à merveille à faire jaillir une harmonie entre les œuvres du génie et génial Brancusi et l’équilibre subtil de leur présentation. Les visiteurs peuvent en effet admirer les sculptures en tournant autour car elles sont presque toutes posées sur des estrades circulaires.

L’exposition est immense, très aérée et magnifique.

Le parcours se termine avec des œuvres monumentales dont la Colonne sans fin qui symbolise l’union de la Terre avec le Ciel. Brancusi était très spirituel et généreux avec ses proches. L’Amour dans le cœur, la tête dans le ciel. Pour imager l’Amour, il a taillé une grande série de sculptures au motif du Baiser, dont le premier date de 1907, une prouesse abstraite/figurative d’une esthétique et d’une originalité rare. Il est prêté par le Muzeul de Artā Craiova.

On est émerveillé.e.s par tant de beauté et par l’ensemble de l’œuvre à la fois moderne et très contemporain malgré plus d’un siècle d’existence.

Le grand art est donc indémodable. Un immense merci pour cette fabuleuse exposition !

Saviez-vous qu’un « Crocodile » a sauvé la vie de Brancusi un jour de baignade durant l’été 1924 ?

Florence Courthial

Brancusi

L’art ne fait que commencer

BRANCUSI, L’art ne fait que commencer

Exposition du 27 mars au 1er juillet 2024

Centre Pompidou

Galerie 1, niveau 6

Tous les jours de 11h à 21h sauf le mardi

Nocturne les jeudis jusqu’à 23h.

 

Tél. +33(0)1 44 78 12 33

www.centrepompidou.fr

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