Paul Strand ou l'équilibre des forces

À la Fondation HCB, Paris

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La Fondation HCB porte un nouveau regard sur l’œuvre du photographe américain Paul Strand (18901976) à partir des collections de la Fundación MAPFRE, Madrid. Alors que Paul Strand est souvent célébré́ comme étant pionnier de la straight photography (ou photographie directe), cette exposition revient également sur la dimension profondément politique de son travail.

Clément Chéroux, le nouveau Directeur de la Fondation HCB, commissaire de l’exposition Paul Strand, nous présente cette collection exceptionnelle de photographies, livres et documents comme la plus importante en Europe. La Fondation HCB expose en effet, 120 tirages issus des collections de la Fundación MAPFRE dont 9 proviennent des prêts du Centre Pompidou. On peut également voir le film Manhattan réalisé par Paul Strand et le peintre Charles Sheeler en 1921.

L’enjeu de cette exposition est double, précise-t-il : le premier est de repolitiser Paul Strand car il a été perçu comme un grand formaliste qui faisait des images de toute beauté, permettant de réfléchir à ce qu’est la photographie.

Paul Strand a été mentoré à ses début par Alfred Stieglitz et Lewis Hine, le père de la photographie sociale américaine. Pendant très longtemps le discours visait à mettre en avant cet aspect formel des images et on laissait de côté le deuxième élément crucial pour comprendre le photographe : son engagement politique.

Paul Strand étudie avec ses deux mentors. Paul Strand est un des très grands photographes du XXe siècle.

Strand a réussi à faire des images très bien conçues dont l’équilibre entre le fond et la forme est parfait, ce qui explique l’intitulé de cette magnifique exposition » : « L’équilibre des forces ».

Ses images sont très importantes. On souhaite recontextualisé Paul Strand. Derrière chacun de ses projets, il y a une raison et une idée. Pourquoi vient-il en France ? Pourquoi faire des portraits très puissants ? Pourquoi a-t-il fuit les États-Unis ? Ensuite, pourquoi le choix du Mexique ? Lieu de la révolution ? Puis, pourquoi choisit-il de vivre quelques années au Ghana ? Strand s’intéresse vivement au président Kwame Nkrumah qui a été le premier président d’Afrique de l’Ouest a gagné son indépendance. Kwame Nkrumah a demandé à Strand de documenter son pays, par les images et par les textes. La politique marxiste très marquée attire le photographe. L’accent sur l’éducation devient aussi très important.

Derrière chaque projet photographique, Strand associe des raisons politiques. Il veut montrer les effets de la politique d’un pays en plein changement. Il est très engagé à gauche et ses aspirations déterminent son travail. La réception de Paul Strand depuis son décès en 1976 est due à la qualité de ses images.

Le deuxième enjeu de cette exposition est l’importance des livres. Les livres ont une place majeure dans la photographie. Ils sont aussi, voire plus importants, qu’une exposition. Aujourd’hui, le livre est un pilier de la diffusion de la photographie.

À partir des collections de la Fundacíon MAPFRE de Madrid, on a exploré les six livres de Paul Strand publiés en 1945. En 1976, il aura travaillé pendant plus de dix ans sur son dernier livre dédié au Ghana. Il faut absolument regarder la construction de ses livres, son style de narration, les associations qu’il fait du texte avec les images, pour comprendre ses positions politiques. Tous ses proches ont une conscience communiste ou marxiste très forte. Les lieux qu’il choisit de photographier sont politiquement chargés.

La dernière exposition de photographies de Paul Strand à Paris remonte à 1996 à la MEP (Maison Européenne de la Photographie).

La rétrospective présentée ici est vraiment très intéressante et passionnante.

On peut aussi regarder un film où le réalisateur a retrouvé le « Young boy » photographié par Strand en 1951 à Gondeville en Charente, un grand nombre d’années plus tard ; il lui a demandé de poser au même endroit…

Légende des visuels par ordre d’apparition  :

  • Paul Strand, Wall Street, New York, 1915 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Blind Woman, New York, 1916 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Abstraction, Bowls, Twin Lakes, Connecticut, 1916 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Francis Church, Ranchos de Taos, New Mexico, 1931 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Bennett, West River Valley, Vermont, 1944 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Young Boy, Gondeville, Charente, France, 1951 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
  • Paul Strand, Anna Attinga Frafra, Accra, Ghana, 1951 ©Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundacíon MAPFRE Collections
 

Dans Le cube, nouvel espace muséal de 100 m2 au sous-sol, est présentée, en parallèle, l’exposition :

HENTI CARTIER-BRESSON – HELEN LEVITT : MEXICO.

La Fondation HCB est heureuse de proposer un dialogue inédit entre les photographies mexicaines de Helen Levitt (19132009) et celles de Henri Cartier‑Bresson (1908-2004). Les deux photographes se rencontrent à New York au printemps 1935. Henri CartierBresson vient de passer presque un an au Mexique et la photographe américaine commence tout juste à photographier le théâtre de la rue newyorkaise. En 1941, fascinée par les photographies du Français, Helen Levitt choisit la même destination. Ces deux périples au Mexique s’avèrent décisifs au début de leurs longues carrières, Henri Cartier-Bresson et Helen Levitt y forgeant leurs conceptions respectives de la photographie.

En 1910, le Mexique apparaît comme un lieu de révolution accomplie.

Henri Cartier-Bresson y va en 1934, d’abord dans une expédition ethnographique qui s’arrête faute de moyens financiers. Il reste à Mexico car la vie des rues lui plait beaucoup.

Dans leurs images respectives, les enfants sont omniprésents, c’est fulgurant, comme un accident poétique, car les enfants sont spontanés, ils bougent beaucoup, on ne les photographie pas, on capte un mouvement, une situation, jamais renouvelée…

On ne vous en dit pas plus, car les images de ces grands photographes parlent bien mieux et bien plus que des mots…

Légende des deux visuels par ordre d’apparition :

  • Helen Levitt, Mexico City, 1941 ©Film Documents LLC, courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne
  • Helen Levitt, Tacubaya, Mexico City, 1941 ©Film Documents LLC, courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne

Exposition Paul Strand ou l’équilibre des forces

Jusqu’au 23 avril 2023

FONDATION HCB

79 rue des Archives – 75003 Paris

+33 (0)1 40 61 50 50

 

HORAIRES

Du mardi au dimanche : 11h – 19h

 

TARIFS

Plein tarif 10 € / Tarif réduit 6 €

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