Boris a quatorze ans, il nous parle à la première personne du singulier, en blanc et noir en français. Il parle le français et le congolais, même si le congolais n’est pas une langue, nous dit-il. La mère de Boris est décédée à la naissance de son petit frère, qui lui aussi est mort, deux ans après sa mère. Boris est élevé par Fulgence, son oncle congolais et sa tante française Béatrice, à Bondy en banlieue parisienne. Il a une double culture, et deux papas. En effet, Daniel, son père, après l’avoir abandonné pour vivre avec une autre femme, revient vivre avec lui, et donc avec son frère et sa femme. Boris vit avec « ses deux papas ». Mais le papa pour lequel il a des sentiments forts et beaucoup d’amour est Fulgence. Fulgence est celui qui lui transmet l’amour de la vie, l’art des jeux de mots (« Qu’est-ce que je déteste ces putains de pâtes, je crois que je suis décidément anti-pâtique ! »), l’amour de la musique, et surtout, il le respecte et ne l’a jamais frappé, comme le fait son père biologique.
À la lecture du titre du roman « Mes deux papas », on pensait découvrir la vie d’un adolescent recevant une éducation homoparentale, mais il n’en est rien. Boris a deux pères, ils sont hétéros et très différents malgré qu’ils soient frères.
C’est avec beaucoup d’humour, de tendresse et d’ironie que Boris nous entraîne dans son quotidien, rehaussé par ses relations avec la jeune Hortense, une bourgeoise du XVIème dont il tombe amoureux au premier regard, au cours d’une visite au Musée d’Orsay.
Cet opus dévoile les contrastes de vie en région parisienne, entre les riches et les pauvres, les Noirs et les Blancs, la double culture, … Il est dense et très instructif. Boris va continuer de grandir et nous serons ravis de lire la suite de ses aventures.
Florence Courthial
Quatrième de couverture : (Extrait du livre) « C’est mieux deux pains au chocolat au lieu d’un seul, ou deux glaces par exemple, une au chocolat et une autre à la vanille sans devoir choisir, deux c’est mieux qu’un, okay, mais avoir deux papas, moi c’est pas quelque chose que j’aurais demandé au bon Dieu si je devais demander un truc en double. Par exemple, moi, j’saurai jamais ce que ça fait à Idrissa et à Aminata quand ils vont à l’école et qu’on leur demande s’ils sont de la même famille, qu’ils disent oui et puis qu’à la remise des bulletins, il y a deux mamans qui raboulent et un seul papa. Moi, j’avoue, j’aurais trop honte. Des fois même, j’ai honte pour Idrissa parce que ça se voit que les profs, ils trouvent pas ça normal, ce vieux Noir qu’arrive avec des femmes qui pourraient être ses filles et à qui il fait des enfants qu’ont le même âge. À croire qu’il les conçoit dans des parties à trois. Je vois que ça vous choque un gamin de quatorze ans qui parle de parties à trois mais je connais internet, moi aussi. »
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Éric Mukendi enseigne le français à Rouen. Il se passionne pour l’écriture et la musique dans toutes leurs formes créatives.