Le premier roman de KIM Hye-Jin, « À propos de ma fille » est aujourd’hui en librairie. Écrit à Séoul durant l’été 2017, cet opus relate l’histoire d’une mère de soixante ans qui accepte à contrecœur d’accueillir sa fille queer d’une trentaine d’années chez elle pour quelque temps alors que celle-ci rencontre des difficultés dans l’Université dans laquelle elle travaille. Green ne s’installe pas seule, elle est accompagnée de Lane, sa partenaire, ce qui provoque la colère et une sensation de honte de la mère. Mais alors, comment va se passer ce huit clos dans un pays attaché aux traditions du mariage hétérosexuel ayant comme but ultime de fonder une famille ?
Quatrième de couverture :
À Séoul de nos jours, une trentenaire en difficulté demande à sa mère de l’accueillir chez elle quelque temps. Cette dernière accepte à contrecœur : sa fille ne souhaite pas s’installer seule, mais avec sa partenaire. Aussitôt, dans ce huit clos, un climat de malaise naît entre les trois femmes. La mère souffre devant la nature incompréhensible à ses yeux de ce couple. Face à un mode de vie qu’elle désapprouve tant il nie la tradition coréenne du mariage et de la famille, elle oscille entre honte et colère. Alors que les idéaux de la fille se heurtent au sens des convenances de la mère, une réconciliation est-elle seulement possible ?
Un premier roman où l’intime et la délicatesse se côtoient pour aborder ce qui est encore considéré comme un grand tabou en Corée.
À propos de ma fille est aussi une invitation touchante à découvrir des femmes coréennes tiraillées entre tradition et émancipation.
Kim Hye-Jin est publiée par le grand éditeur coréen Minumsa.
À propos de ma fille, couronné du prestigieux Shin Dong-yup Prize, a connu un immense succès en Corée, avant d’être traduit dans une quinzaine de langues.
« Il est déjà très difficile de se comprendre soi-même, alors on imagine bien les difficultés à essayer de comprendre les autres, et ça l’est peut-être encore plus lorsqu’il s’agit de nos propres enfants. C’est d’autant plus compliqué quand on est très proches, telles le sont souvent les filles avec leurs mères, et que finalement, on s’aperçoit qu’on est complètement différentes » relate KIM Hye-Jin dans un entretien télévisé. Elle poursuit en expliquant qu’elle a souhaité faire parler la mère plutôt que la fille, une position plus ardue en tant que jeune femme de trente ans également. Tenter de se mettre à la place de l’autre, voilà une sacrée gageure…
Mission impossible ?
À propos de ma fille lève le voile sur les conflits intérieurs d’une mère face à sa fille dont elle ne comprend pas la manière de vivre. Elle héberge sa fille qui partage sa vie depuis plus de sept ans avec une autre jeune femme qu’elle décide de rejeter, après avoir contenu sa colère quelque temps. L’incompréhension de cette mère pour sa fille et sa partenaire est à son comble. Le paradoxe, c’est qu’il n’est jamais question d’amour dans les pensées de cette mère pour sa fille alors qu’aide-soignante, elle est entièrement dévouée à Jen, une vieille dame dont elle s’occupe, jusqu’à en perdre sa place… Cette dame a perdu la tête, n’a plus de famille, pas d’enfant et son passé de diplomate est riche en aventures des plus variées.
L’autrice essaie t-elle à travers ce roman de mieux comprendre la génération de sa mère et celle des personnes très âgées et démunies ?
Malgré les méandres des difficultés rencontrées tout au long de ce roman, la fin présage d’un début de meilleure compréhension.
L’écriture de l’autrice est séquentielle, précise et parfois poétique et oscille entre pensées intérieures, monologues et dialogues.
On lit d’une traite cet opus dans l’espoir d’un dénouement heureux, accepter l’autre comme iel est, et lui donner tout son amour, tel est me semble-t-il le rôle essentiel d’un parent.
Ce roman dense est une belle découverte, un manifeste universel pour l’acceptation des différences et certainement dans l’espoir que cesse toutes discriminations.
Florence Courthial